Ma souffrance est le fil conducteur qui me relie a mon être, un ressenti de souffrance est déjà la manifestation que quelque chose résiste à un vécu que je vis comme inconfortable, qui ne devrait pas être là.
C’est cette espace en moi qui sait que les choses pourraient être autrement, qu’en moi un potentiel plus vaste existe, qu’en moi quelque chose de sacré cherche a se déployer, qui est plus, plus que mes névroses et mes insatisfactions du quotidien, quelque chose qui cherche un sentiment d’unité.
Et si précisément, ce ressenti de souffrance était la signature que je n’ai pas oublié cet espace sacré, cet espace où tous les potentiels s’actualisent, et si ce vécu était justement, la boussole, le compas et la carte qui me conduit vers ma plénitude ?
Faire de la place à ce vécu, en l'accueillant comme un invité dans sa maison, est un puissant moyen pour faire un pied de nez à un fonctionnement habituel, particulièrement cautionné par la société. Cette société ou les rides veulent être effacées, la marque du temps cachée, la mort aseptisée.
L'essence de cette posture : un acte révolutionnaire, un retournement à 180 °, un acte politique.
Ne plus détourner le regard de cette être qui crie en moi, et qui m’envoie un message, non pas comme une révélation divine venue du Très Haut, mais comme une sensation ténue, mais persistante.
Renouer Avec le corps en tant que vecteur de cette vie qui insuffle sa sagesse à travers les sensations que nous vivons, les besoins qui crient, les sentiments qui appellent, comme autant de messagers de l’âme qui en essence disent : « tu n’es pas seul ! »
Il existe une dimension sacrée qui communique avec toi a chaque instant, et cet écho de répondre : « es tu là ? »
- Es tu là dans la tourmente, es tu là dans la douleur, es tu là dans la joie, es tu là dans l’allégresse ? - Es tu là dans l’orgasme et la présence ?
Mon instant est il un autre bien de consommation que j’avale, comme on avale un menu Big mac par inadvertance dans la cacophonie et le brouhaha ambiant ?
Je ne pourrais me connaître vraiment qu’en laissant chanter en moi toutes ces couleurs qui traversent mon paysage intérieure, en m’ouvrant de manière curieuse à eux. Si ça n’est pas moi qui le fait, alors qui le fera ?
Ainsi la grande réconciliation, est une réconciliation spirituelle. Je me reconnecte à ce qui fait de moi un humain, une humaine, à la condition humaine, comme un être sensible qui ressent, et dans cette palette de couleurs les contours de mon humanité se dessinent.
Sans ce lien, cette relation à la profondeur qui m’habite, je reste étranger à moi même, et le ciel et la terre de rester de parfaits inconnus.
En revanche entrer en amitié avec ce kaléidoscope multicolore intérieur, c’est entrer dans l’intimité de cette gravure marquée sur le fronton du temple de Delphes de la Grèce antique :
« Connais toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux »